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Pier Goodmann
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Il est 21h (GMT+1) du soir. Sur les réseaux sociaux, Facebook et Twitter, on fait allusion à des événements incompréhensibles et incertains en Turquie. Deux ponts fermés à Istanbul par des militaires. Des militaires avec des chars partout dans ces rues. Je suis ce qui se passe sur Twitter.

Les internautes commencent à parler d’un coup d’Etat. Est-ce vrai? C’était juste inconcevable à mon sens. Au niveau local, ils ne savaient pas ce qui se passait d’autant plus qu’ils avaient du mal à se connecter sur ces deux réseaux sociaux.

Un moment d’émotions et de suspense. Qu’est-ce qui se passe vraiment?

Ma relation avec la Turquie s’est étrangement et intentionnellement construite et forgée depuis ma première visite et ma première fréquentation de son peuple. Mais, est-ce vraiment cela qui me rend tellement soucieux par rapport à la situation? Non, ce n’est qu’une raison parmi plusieurs.

Une tentative de coup d’Etat confirmée. Je ne pensais guère à l’instant présent mais à la suite. Je ne pensais ni aux idées pro-Erdogan ni à ses opposants. Je pensais à la Turquie. Une image défilait devant mes yeux; celle d’une quinzaine d’années dans lesquels le pays a fait d’énormes pas en avant. Est-ce vrai qu’on tente de le faire reculer à la phase 0? Oui, c’est juste inconcevable.

Je suis ce qui se passe en télé mais surtout sur Twitter, là où des vraies personnes s’expriment avec des images et des vidéos sur place sans censure ou manipulation médiatique. Les avis divergent entre des personnes qui tolèrent le coup d’Etat parce qu’ils sont contre le gouvernement d’Erdogan (constat peut-être faux est qu’ils sont majoritairement des occidentaux) et ceux qui sont contre le coup parce qu’ils supportent Erdogan et ceux qui prônent la démocratie et donc sont contre le coup d’Etat. Et moi?

J’étais à 100% contre ce coup d’Etat pour plusieurs raisons. D’abord, je considère que les élections en Turquie sont légitimes et que c’est bien le peuple qui fait son choix lors des élections. Ensuite, je suis contre toute tentative violente qui prend comme alibi de rétablir la démocratie. En effet, je crois profondément que la guerre ne rétablit jamais la paix.

Un événement très exceptionnel vient d’arriver. Le président Erdogan trouve un moyen pour s’adresser à son peuple en dehors des médias locaux contrôlés par l’armée. La VoIP, celle que le Maroc, par son agence de réglementation des télécoms l’ANRT, combat avec force, était son moyen pour essayer de reprendre le contrôle sur la situation.

Le président Erdogan parle avec la même confiance et la force d’un dirigeant en plein exercice de son pouvoir mais ce qui était impressionnant c’est qu’il a fait un appel. Un appel à qui? Il a appelé le PEUPLE et tous les PARTIS POLITIQUES (Gouvernement et Opposition) à se manifester dans la rue contre les militaires rebelles . Aux même moment le conflit est à son apogée entre l’armée et la police.

Que se passera-t-il maintenant? Quelle serait la réponse du peuple?

Je suis sur Twitter et je suis le live des hashtags #Turkey, #Istanbul et #Ankara. En vérité, j’attendais cette première photo qui montrerait ces premiers Hommes dans la rue pour répondre à leur président. Un appel du président pour sauver la nation.

Les minutes passent. Les tweets ne répondent pas à mon désir. Je commence quand même malgré mon amour pour ce peuple à me dire qu’il ne fera pas l’exception sur ce coup. Tous les peuples sont pareils me semblait-il à un certain moment. Mon espoir est à son summum et mon doigt ne cesse d’actualiser les pages des tweets pour que ce moment de gloire vienne enchanter mon esprit.

C’est arrivé Mesdames et Messieurs! Je vois les photos de manifestants qui bloquent les militaires dans les rues de plusieurs villes en Turquie.

Quel courage! Et il n’y avait pas que le peuple qui supportait son président mais les partis politiques aussi.

Etrangement, je vois des ces pro-coup d’Etat dire que le peuple n’est pas sorti pour son président mais pour son pays. Oui, ils sont descendus dans les rues pour leur pays mais c’est l’appel de leur président qui l’a déclenché. Pourquoi n’ont-ils pas descendus un peu avant? Et surtout, croyez-vous vraiment que s’ils n’avaient pas confiance en leur président et en son dévouement pour le pays qu’ils allaient répondre à l’appel et sacrifier leurs vies? Je vous rappelle aussi qu’en supportant un président, on ne peut pas forcément avoir sa photo chez soi. De toute manière, ce n’est pas notre sujet. Je suis des personnes qui croient que les informations médiatiques sont souvent biaisées.

Je suis sur Twitter. Les photos sont de plus en plus publiées et les vidéos du peuple courageux montrent bien à quel point ils étaient à la hauteur. Toutefois, ce n’est pas fini!

Je pense que le coup s’approche de son terme. Mais, la police et l’armée sont toujours en train de s’entre-tuer. Le peuple a réussi sa mobilisation. Qu’arrivera-t-il?

Tout semble être repris mais il est où Erdogan. N’est-il pas encore temps d’annoncer l’échec de cette tentative de coup d’Etat?

Les minutes passent. La confusion règne sur les médias sociaux. Rien n’est sûr mais les espoirs sont tous centrés sur un peuple qui a montré en une soirée son esprit patriotique, sa bravure et sa volonté de se sacrifier mais aussi sur la relation solide Peuple-Gouvernement. Mesdames et Messieurs quand le dirigeant est du choix du peuple c’est bien ceci qui devrait arriver. Une relation de confiance et de complémentarité où le peuple trouvait sa force dans son président démocratiquement élu et à travers laquelle ce même président avait la certitude qu’il peut compter sur son peuple. La Confiance!

Je suis sur Twitter et la télé. Le président Erdogan atterrit à Istanbul et s’adresse de nouveau à son peuple. La tentative du coup d’Etat a échoué.

Je ne trouve pas pertinent de se poser la question sur les raisons de l’échec mais il me semble important de décortiquer les raisons de la réussite d’un pouvoir peuple-gouvernement. Par contre, il est nécessaire d’être objectif et de se débarrasser de ces discours médiatiques qui parlent de ce terme dénudé de sens qui est l’islamisme. Il faut se débarrasser de ces sentiments pro ou anti-Erdogan.

Je ne pense pas qu’un citoyen d’un pays différent de la Turquie puisse se positionner contre ou pour un gouvernement turque pour ces raisons. Et je crois que seuls les citoyens du pays en question ont la possibilité d’exprimer la vraie et juste réalité. Et la vraie et juste réalité que personne ne pourrait nier bien que les opposants innovent en matière de rumeurs est que: “Un président confiant en son peuple lui a demandé de l’aider et un Peuple confiant en son président a répondu fort présent à sa demande”.

Que le motif de ces courageux et braves citoyens soit leur support à Erdogan, ou à ses opposants ou à une partie de son gouvernement ou leur amour fou, profond et fondé de leur pays, ce ne sont que des détails qui consolident le pouvoir du peuple. C’est de cet œil que j’ai aperçu ce qui s’est passé et je m’en tape de vos règlements de comptes politiques. C’est de cet œil que j’ai vécu le moment et je me fous complètement de vos conflits idéologiques qui ont mené le monde à l’état actuel.

L’histoire retiendra cette nuit du 15-16 Juillet 2016. Un jour dans lequel nous devons tous rappeler au monde entier du plus petit au plus grand et du plus faible au plus fort que le peuple peut bâtir son destin.

Je ne vous cache pas Mesdames et Messieurs que j’ai failli céder pendant cette dernière période à l’idée qu’on ne peut rien espérer des peuples. Le désespoir commençait à esquisser son chemin dans mes veines pour atteindre mon cœur. Mais, le miracle s’est réalisé. L’exceptionnel est survenu au milieu d’un monde qui se noircit de jour en jour. Bref, la #Turquie a récupéré mon espoir perdu et me l’a offert plus fort qu’avant.

Notre monde est pourri mais nous pouvons le rendre meilleur. Prenons exemple! Tirons les leçons!

 

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